Ouvrage réalisé en direct-live avec la complicité de quelques fous convaincus
qu'un jour prochain le bon peuple de France se "réveillera" enfin en démocratie...
La DeLorean DMC-12 se matérialisa brusquement devant le numéro soixante-neuf de l'impasse Giscard d'Estaing, pilepoil devant l'entrée de l'immeuble de vingt-sept
étages et demi sur le toit duquel les bureaux de Tagor dominaient le magnifique paysage décrit dans le chapitre trois, à défaut de dominer la situation.
Sur l'écran du visiophone multi temporel installé par ce brave Docteur Emmett Brown pour nos amis, afin de leur éviter l'ennui de ces voyages qui
duraient parfois plusieurs secondes, les "Queen" s'agitaient à qui mieux mieux :
- Vous êtes sûr qu'on est arrivés en 2012, demanda Gaston Surthon à ses deux coéquipiers ? Il me semble avoir appris dans mes manuels d'Histoire Post-Antique que
ce spectacle datait de 1986 !
- Pas d'inquiétude, rétorqua Fulbert Fulbertson, ce n'est pas du direct, il doit s'agir d'une ancienne vidéo captée depuis Youtube, l'ancêtre de notre Panavisionic.
- On pourrait vérifier quand même suggéra Bonny Braun, allons jeter un oeil sur les journaux proposés dans ce vénérable kiosque...
- Voyons ça : Capital : 450000 riches ? Heu... tout dépend de ce qu'on appelle "riches". L'équipe : "C'est désespérant" ? Ben... ça non plus ce n'est pas probant
fin du XXe ? Début du XXIe ? Sûr qu'on est pas en 1998, mais avant ? Après ?... Ah ! Le Figaro : François Hollande Président... Président de quoi, ça n'est pas indiqué,
mais ça pourrait bien être de ce qu'on appelait à l'époque la République Française. Ça doit coller ! Allons voir si Tagor la Pie est bien là conclut Bonny Braun.
***
Tagor allait lancer son dernier Big Red Bird sur le dernier Méchant Cochon Vert planqué sous trois épaisseurs de pierre quand la sonnerie de l'interphone retentit.
- Mais qui donc toque à mon huis ? Sursauta-t-elle en faisant bêtement partir le Big Red Bird en sens inverse. Elle décrocha depuis son smartphone :
- Oui ? Qui ? Quoi ? Où ? Qu'est-ce ?
- Bonjour Tagor, nous venons heu... de loin et nous souhaiterions vous entretenir d'un sujet de la plus grande importance.
- Très bien, très bien, mais... à qui ai-je l'honneur ?
- Heu... c'est un peu compliqué à expliquer, permettez-nous de rentrer nous asseoir pour souffler d'abord un peu. Parce que vingt-sept étages et demi sans ascenseur ni
jet-pack, c'est pas évident...
- Je vous l'accorde, fit Tagor en appuyant à la fois sur le gros bouton vert marqué d'un P argenté pour déverrouiller la porte et sur le gros bouton rouge marqué
d'un F doré à l’or fin pour appeler Falsass, on ne sait jamais...
Bonny fit rapidement les présentations puis s'effondra avec ses deux compagnons sur les élégants fauteuils club disposés devant l'immense bureau du sympathique volatile.
Le regard exorbité de Tagor passait de l'un à l'autre et encore à l'autre et de nouveau à l'un et de nouveau à l'autre. De son bec béant ne sortait
que des balbutiements béats...
- Je... je... je... n'y crois pas, peux pas y croire, pas possible, pou... pourtant, je vous reconnais bien, c'est bien vous là devant moi, comment...
- Tagor, tu es la seule qui puisse nous reconnaître formellement puisque c'est toi qui nous a créés approuva Fulbert. Evidemment, au début du XXIe siècle, voir
débouler en chair et en os les trois principaux personnages d'un roman de fiction que l'on a écrit il y a quelques mois à peine (1), ça surprend ! Mais dis toi bien que la science a fait, pardon,
fera d'énormes progrès dans la matérialisation des entités virtuelles. Quant à notre voyage dans le temps, il se trouve que Bonny est une cousine éloignée d'Emmett
Brown. Il a été ravi de pouvoir lui prêter sa DeLorean DMC-12, surtout pour la bonne cause !
- La bonne cause ?
- Mais oui Tagor, la bonne cause, la démocratie, la vraie, pas l'artefact qui sévit un peu partout dans ce monde et ce siècle... La vraie, l'Isocratie que tu as
inventée et qui fait tourner le monde d'où nous venons dans le bon sens (2).
- Ok, je comprends bien, mais pourquoi intervenir aujourd'hui sur le cours des choses puisque c'est ce qui va arriver, n'est-ce pas risqué ?
Les trois "personnages" se regardèrent tour à tour, visiblement gênés. Après quelques secondes d'un pesant silence, Bonny pris la parole.
- Ne le prend pas mal, Tagor, mais quand nous nous sommes aperçu que ton livre (3) ne faisait pas le carton espéré, on s'est dit "et si nous allions lui donner un coup de main
pour la promo". Quand au paradoxe temporel, j'avoue que tout cela semble un peu retors, mais il n'y a pas lieu de s'inquiéter puisque nous existons déjà
aujourd'hui dans ton roman(4), cela ne change donc pas grand chose à l'état actuel du monde.
C'est à ce moment là que Falsass fit une entrée ostensiblement décontractée :
- Bonjour Bonny, bonjour Fulbert, bonjour Gaston, tout va comme vous voulez ?
Tagor regarda Falsass d'un air incrédule :
- Mais, comment se fait-il que tu les reconnaisses ? Et puis, toi qui ne mets en général que quelques millisecondes pour arriver à mon bureau, pourquoi ce retard ?
- C'est à cause de la DeLorean, Tagor. Comme elle gênait le passage, j'ai voulu la garer un peu mieux. Un éclair et je me suis retrouvé avec le docteur Emmett Brown
qui m'a tout raconté et qui m'a expliqué comment revenir ici...
(1) (2) (3) (4) Lire "A l'Asso. du Bon Sens" où Tagor décrit une vraie démocratie avec un vrai pouvoir au peuple et surtout avec 0% de démagogie !