Ouvrage réalisé en direct-live avec la complicité de quelques fous convaincus
qu'un jour prochain le bon peuple de France se "réveillera" enfin en démocratie...
Bonny, Fulbert, Gaston, Tagor, Falsass et Guy s'étaient retrouvés au restaurant l'étoile berbère devant un délicieux couscous
royal à faire pâlir de rage les plus toqués de nos chefs, si vous voyez ce que je veux dire.
L'apéritif consommé, les embrassades épongées, les cadeaux solennellement échangés et la petite chansonnette traditionnellement poussée,
il était grand temps de se restaurer avant l'inévitable discussion qui allait s'ensuivre. De toutes façons, l'orchestre attaquait
son répertoire de circonstance, mieux valait patienter...
Hé oui, parfois le spectacle est aussi dans la salle. Falsass, n'a évidemment pas raté la scène et a tout filmé avec son
Smartphone astucieusement planqué dans son discret Kodak Brownie Flash acquis à grand frais via une officine dont nous tairons le nom :
- Falsass, fais-nous quelques photos pour immortaliser l'évènement fit Tagor en prenant la pose sur l'épaule de Guy.
Clic, clac, reclic et reclac, rien !
- Désolé, mais ma batterie est à plat, avoua piteusement son compagnon d'infortune, et j'ai prêté mon chargeur à ma voisine ce matin...
Un murmure désapprobateur parcouru l'assistance. Comme d'habitude, ce fut Fulbert qui enchaîna avec tact sur un autre sujet.
- Vous ne trouvez pas que Bonny à un super look ce soir ? Très peu de maquillage et juste un minuscule piercing sur la narine
droite, j'adore !
Ravie d'être ainsi devenue le centre d'intérêt de la tablée, Bonny expliqua en long et en large comment elle avait appris cet art
subtil pendant son séjour dans un harem de Tajrish où l'avait entraînée Gaston, toujours à la poursuite de Florentine Accrobacci...(615)
Après cinquante-huit minutes d'explications techniques sur la façon de faire tenir les piercings dans les endroits les plus divers ainsi que
sur l'opportunité de conserver ou non son système pileux sur telle ou telle partie de sa personne, Bonny décida qu'il était grand temps de passer la
parole à Guy qui avait enfin fini les pois chiches et attaquait la semoule...
- Hum ! Hem ! Hahem ! S'éclaircit-il la voix. Mes très chers amis, je dois d'abord vous féliciter pour l'acharnement que vous
avez mis à tenter de faire progresser notre cause. Et, même si vous n'êtes arrivés à rien, il faut bien reconnaître que vous
y êtes arrivés tout seul, et c'est bien là l'essentiel ! A votre décharge(777), pour reprendre un terme qui vous
va si bien, il faut dire que, n'ayant demandé de l'aide qu'à des drogués de la politique(778), vous
n'aviez que peu de chance de faire évoluer la situation. Pour ma part, après avoir relu pour la cinquante-sixième fois le
livre de Tagor (615 aussi) pour être sûr d'en avoir compris les moindres finesses, j'ai décidé d'appliquer directement
les méthodes proposées par l'Isocratie, comme si on y était, sans attendre que la majorité de nos concitoyens y adhèrent.
- Très bien ! Fit Bonny
- Excellent ! Renchérit Gaston.
- Bravo ! Ajouta Fulbert.
- Génial ! S'exclama Falsass.
- Fallait y penser, fit sobrement Tagor, cachant sa joie d'être ainsi, enfin, prise au sérieux. Et alors ? S'enquit-elle.
- Et alors, je pense commencer par le commencement.
- Très bien ! Fit Bonny
- Excellent ! Renchérit Gaston.
- Bravo ! Ajouta Fulbert.
- Génial ! S'exclama Falsass.
- Fallait y penser, fit(779) distraitement Tagor sous le coup de l'émotion. Heu... Et commencer par quoi plus précisément ?
- Par les Zélulocos. Bon, vous savez tous que l'Isocratie privilégie la "connaissance" par rapport à la simple "opinion" et
impose à chacun, avant de donner son avis sur un sujet, par un vote par exemple, d'avoir fait l'effort d'acquérir les
compétences sur ledit sujet. L'accès aux informations est donc primordial, et nous avons avec le Web les moyens de faciliter la tâche
de nos concitoyens ! Passons sur la complexité de ce qui nous attend (780), et voyons ce qu'on peut faire de
simple dès aujourd'hui.
La tension était à son comble. Des points d'interrogation scintillaient dans les prunelles de l'assistance silencieuse. Guy reprit :
- Mon idée est de créer une sorte d'agrégateur d'informations locales qui mettrait de façon continue
à la disposition des habitants d'un lieu donné l'ensemble des informations qui les concernent. Ainsi, nous mettrions sur
un pied d'égalité tout ceux qui s'exprimeraient sur les problèmes de gestion locale à travers des sites Web, des blogs
voire des réseaux sociaux gommant ainsi les avantages que pourraient avoir ceux qui disposent des grands médias grâce à
leurs moyens financiers, politiques, relationnels et que sais-je encore...
- Et au passage on pourrait agrémenter le tout des infos de toutes les autres associations locales, culturelles, sportives, caritatives etc.
ce qui est tout à fait dans l'esprit de l'Isocratie, suggéra Gaston.
- Et pourquoi ne pas aller jusqu'au bout et proposer également des infos commerciales locales pertinentes. Les trois piliers
que l'Isocratie met sur le même plan, le politique, l'associatif et l'économique seraient ainsi présents. Et en plus tes agrégateurs pourraient
devenir rentables, sans avoir à traquer les visiteurs, surenchérit Fulbert...
- Hé oh ! Ça fait beaucoup ! Je vous vois venir, c'est encore moi qui vais devoir faire l'agrégateur et visiter des centaines
de sites plusieurs fois par jour à la recherche de vos news ! Vitupéra Falsass.
- Pas du tout, je compte bien faire faire le travail par un "bot", un robot logiciel si tu préfères, le rassura Guy.
D'ailleurs je verrai très bien un robot avec un gros oeil et une grande bouche comme logo pour l'opération et on l'appellerait...
Et chacun d'y aller de sa proposition, à part Bonny qui s'était distraitement mise à griffonner sur un coin de la nappe en papier.
Après un bon quart d'heure de discussion houleuse, Tous tombèrent d'accord sur le nom de Slico. En moins de temps qu'il n'en faut pour
le dire, le domaine slico.net fut réservé et les premières lignes de code
écrites fébrilement par Guy qui, comme chacun sait était capable d'écrire n'importe quoi à partir du moment où il avait
la confiance de ses amis et bu quelques whiskies.
- Et moi, je vous propose ce robot là fit soudain Bonny en déchirant d'un geste expert son coin de nappe :
- WAAAAAAAAAAAAOOOOOOOUUUUUUUUUUUUUHH ! S'écrièrent en choeur Gaston, Fulbert, Falsass, Guy, Tagor et la patronne de l'Etoile berbère
qui avait choisi ce moment pour amener le traditionnel شاي بالنعناع
plus communément appelé sous nos cieux "thé à la menthe".
- C'est parfait décréta Fulbert, si la promotion de l'opération pouvait être du même acabit, ce serait le succès assuré.
- Hélas, c'est bien là que le bât blesse. De nos jours il faut vraiment de gros moyens ou beaucoup de chance pour réussir à
se faire connaître avoua Guy. J'ai bien essayé de m'inscrire à l'école 42 en me disant qu'avec un peu de persévérance mon projet
serait remarqué par quelqu'un, mais la limite d'âge est de 30 ans et j'en ai 70 aujourd'hui !
- Ils auraient dû prendre en compte l'âge mental suggéra Bonny.
- Ben non, ça ne colle pas non plus, il faut avoir au moins 18 ans !
C'est à ce moment là que Gaston, dont le front était barré de quatre ou cinq plis soucieux, crut bon d'intervenir :
- 42 ? Qu'est-ce que c'est que ça, s'étonna Gaston ?
- Quoi ? Tu viens du futur et le chiffre 42 ne te dit rien ? Tonna Falsass. En l'occurrence, il s'agit d'une école gratuite
pour les geeks créée par un type formidable qui bosse chez Free...
- Frit ? Et c'est quoi ça aussi ? Fit Gaston, conscient qu'il s'enlisait de plus en plus.
- Free, pas Frit, fit Falsass de plus en plus énervé ! Free c'est ça :
- C'est normal puisque tu n'as pas Free, conclut Guy. Bon, moi je suggère qu'on laisse tomber les Rebsamen et autres Cohn-Bendit et qu'on
se tourne vers des entrepreneurs qui essayent à leur façon de changer la face des choses. Contactons Xavier Niel. Un mécène
capable d'investir des millions d'Euros dans une école gratuite peut bien lever le petit doigt pour nous donner un coup de pouce
si je puis m'exprimer ainsi...
- Ouaip ! Seulement c'est un type très occupé s'inquiéta Falsass, regardez...
... mettre des millions d'Euros dans une école gratuite, tout le monde peut le faire, mais donner des cours de Rock'N Roll gratuit à
ses collègues, alors là, moi je dis chapeau !
- Ok, il va donc falloir le contacter, et ça ne va pas être facile. Qui c'est qui s'y colle ? Moi, je code, je n'ai pas trop le
temps esquiva Guy.
- Et moi je dois faire un saut temporel chez Emmett Brown. La DeLorean fait un drôle de bruit, il ne faudrait pas qu'elle nous
lâche en pleine Vème République, ce serait démoralisant !
- Ça tombe très mal pour Gaston et moi avoua Bonny, nous nous sommes inscrits pour un stage de piercing de niveau supérieur à Tajrish.
Il démarre après-demain...
- Ah ben pour moi aussi, ça va pas être évident esquiva Falsass, j'ai déménagé il y a huit jours et je ne suis pas encore
raccordé à Internet, ça risque d'être très compliqué de faire ça avec mon Smartphone, d'autant plus que...
- Ça va, ça va, j'ai compris, c'est donc encore et toujours moi qui m'y colle conclut amèrement Tagor.
Là dessus, nos amis réglèrent l'addition puis quittèrent l'Etoile berbère et s'en allèrent en devisant, bras dessus bras dessous, faire le tour du
patelin, enveloppés dans une douce nuit d'été propice aux rêves les plus fous...
FIN DE LA PREMIERE PARTIE
(615) Pour comprendre, il faut avoir lu "A l'Asso. du Bon Sens" aux éditions TBE, évidemment.
(777) Dans quel sens faut-il prendre le mot décharge ? Laissons les lecteurs régler cela avec leur propres phantasmes (Note de l'éditeur)
(778) Voir les chapitres précédents.
(779) Comme prévu par l'article 5bis alinéa 3 du contrat, il sera retenu 10% sur les royalties pour abus de copier/coller (Note de l'éditeur)
(780) Voir ici un sympathique échantillon...