Ouvrage réalisé en direct-live avec la complicité de quelques fous convaincus
qu'un jour prochain le bon peuple de France se "réveillera" enfin en démocratie...
- Shhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuut ! S'écrièrent en coeur Falsass et ses amis.
Et son fidèle complice d'ajouter :
- Tu nous en parleras plus tard, Tagor. Assied toi, on est sur un truc là, regarde :
- Ça ne te fait penser à rien, le fait de n'avoir que quatre pauvres vocables pour tout moyen d'expression, Ga, Bu, Zo et Meu... ?
- Heu, non Falsass, je te donne ma langue...(2)
Tous les regards étaient tournés vers Tagor. Certes, elle venait de débarquer et la fatigue, après un travail titanesque de plusieurs semaines au
service du RUSh, se lisait sur son visage émacié. Mais ses compagnons étaient tellement habitués à l'entendre précéder leurs propres pensées(3),
qu'ils en étaient tous tout ébahis.
- Attendez... Oui, je commence à comprendre... Vous faites le parallèle avec cette démocratie "à la française" qui ne donne au citoyen que quelques vocables pour s'exprimer,
Fn, Ump, Ps, Eelv et quelques malheureux autres ?
- Et bien voilà, tu vois que ce n'est pas si compliqué que ça...
La discussion se poursuivit sur l'éclatante victoire du Fn aux dernières élections, le parti qui venait d'obtenir brillamment 1.710.087 voix de moins qu'aux dernières
élections comparables(4) et sur sa capacité à dire tout haut ce que les gens pensent tout bas.
A ce sujet, tous étaient d'accord pour dire que si les gens pensent tout bas, c'est à dire sans
jamais discuter et confronter leurs idées à celles des autres, c'était alors leur cerveau reptilien qui s'exprimait et qu'effectivement, dans ce cas, GA BU ZO et Meu suffisaient très
largement et était tout à fait cohérent avec les institutions de la cinquième République. De même, tous étaient parfaitement d'accord pour
reconnaître que le choix entre OUI et NON à l'occasion des référendums, présentés par pratiquement tous nos partis comme le summum de la démocratie,
était encore plus "reptilien".
- Encore heureux que le vote ne soit pas obligatoire comme dans certains pays, renchérit-il. Obliger des personnes qui ne pensent même pas tout bas à voter, c'est un crime contre la démocratie.
- Finalement, conclut Bonny, c'est le Front du refus qui l'a emporté, comme toujours. Les abstentionnistes ont fait presque deux fois et demie le score du prétendu
vainqueur, mais personne ne cherche vraiment à analyser ce phénomène en profondeur. C'est désespérant, et pourtant il y aurait beaucoup d'enseignements à en tirer.
- Alors que faire ? S'interrogea Fulbert. Apparemment, il n'y a pas de progrès à attendre de ce système, ne faut-il pas dans ce cas aller encore plus dans la négation par des
prises de position encore plus "primitives" et rebâtir ensuite ? Une abstention totale ? Un seul vocable NON suffirait ! Dire Non en quelque sorte
- Là mon cher, je crois que tu as été devancé par l'ailier gauche du PSG, Edwy Plenel en personne(5), fit remarquer Guy(6) :
- Ou alors, moins qu'un mot, un simple geste, proposa Gaston. Un simple geste comme...
- Comme ?
- Comme la quenelle par exemple, cela nous ramène à Dieudonné que l'on a toujours pas trouvé d'ailleurs, on se demande bien où il se cache depuis qu'il
"ne fait plus rire personne". Les médias sont devenus complètement muets à son sujet... A part quelques vidéos sur YouTube et ailleurs...
- Ah la la, comme vous êtes pessimistes, observa Falsass. Il y a des propositions très intéressantes qui commencent à naître ici et là, comme le tirage au sort par exemple.
Il paraît que notre ami Etienne Chouard fait des émules et que ce genre d'idée fleurit
un peu partout. Ici par exemple
ou encore là ...
- Ah ! Ben alors, testons le tirage au sort pour voir...
Tagor remit en marche son Minitel à vapeur afin que Falsass puisse se connecter à YouTube avec son Smartphone à volant d'inertie. Et hop ! Mots-clés
Dieudonné homme à abattre... et je clique, voyons ça...
- Je conteste la procédure ! Si on tire un petit nombre de personnes au hasard, c'est comme si tu tirais à Pile ou Face, tu aurais pu tomber sur Arnaud
Klarsfeld comme l'autre fois et obtenir un tout autre son de cloche(7).
- Mais bien sûr Falsass. D'ailleurs, un plus grand nombre de "tirés au sort" que l'on ferait collaborer avec des "institutionnels" serait sous influence, comme cela se
passe dans les jurys d'assise dits populaires.
- Evidemment, on est en droit de se poser la vraie question, tirage au sort, d'accord, mais quel est le bon quota ? Et qui peut gérer les "échantillons" ? et comment ?
Il y a longtemps que nous avons résolu ce problème. Dans notre Isocratie(8), il n'y a ni délégation de pouvoir, ni tirage au sort, tout le monde participe selon
ses propres souhaits. Il y a assez de sujets à mettre en débat, de décisions à prendre et de contrôles à effectuer pour faire participer toutes les bonnes volontés, c'est un simple problème d'organisation.(8 aussi)
Un silence, puis, désabusée :
- Mais personne ne nous écoute ! A part ça, qu'est-ce qu'on mange ce soir ?
- Ce Dieudonné m'a fait penser à une vieille recette de ma grand-mère qui tenait un modeste bouchon à Lyon : La quenelle de quenelles au jus de quenelle, vous allez vous régaler !
(1) Pour tous ceux qui savent se servir d'un ordi et qui cherchent un boulot sympa. Ça vient de sortir aux Editions RUSh, dispo chez TBE.
(2) Pour ceux qui prendrait le train en marche, petit rappel : Falsass est un chat...
(3) Ce qui les agace au plus haut point en règle générale, mais bon... (Note de l'auteur).
(4) Le premier tour des présidentielles de 2012 où tous les partis étaient représentés sur la même étendue territoriale.
Etonnamment, peu de médias ont sorti leur calculette pour constater cette évidence. Mais peut-être que l'information n'était pas vendeuse ?
(5) Voir à ce sujet le chapitre 13 (NDLR).
(6) Si je comprend bien, l'auteur essaye de justifier ainsi la présence des autres personnages (Note du traducteur).
(7) Avis aux adeptes des interprétations abusives : Cloche ne s'applique pas à Arnaud K., c'est juste une expression, quoique...
(8) Lire "A l'Asso. du Bon Sens" c'est la dernière fois qu'on vous le dit !
